BABEL

Tous les humains avaient même langage et même vocabulaire. […]. « Allons, dirent-ils. Construisons-nous une ville avec une tour dont le sommet force le ciel et faisons-nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de la terre. »

Mais le Seigneur descendit voir la ville et la tour que construisaient les humains. « Voici un peuple, se dit le Seigneur, et tous ont un même langage ! Si tels sont leurs débuts, aucun de leurs projets désormais ne leur sera irréalisable… Allons ! Descendons et ici même confondons leur langage ; ainsi les uns et les autres ne se comprendront plus. »

De là donc le Seigneur les dispersa sur la face de la terre entière, et ils cessèrent de construire la ville.

GENESE 11

 

Catastrophes aériennes

 

La chaîne de télévision américaine NBC a rapporté 345 incompréhensibles crash ou quasi-crash suite à des problèmes linguistiques de janvier 1988 à juin 2000 concernant des pilotes américains de naissance.

 

De ces accidents, 95 ont eu lieu aux USA et 250 dans d’autres pays. Mais combien d’accidents «linguistiques» dans les 95 % du reste du monde, qui ne connaît pas l’anglais mais est obligé de l’utiliser ?

 

L’accident le plus catastrophique de toute l’histoire de l’aviation, dans lequel périrent 583 hommes (Ténérife, 1977), fut causé par un pilote néerlandais, qui n’avait pas compris un message en anglais envoyé par la tour de contrôle.

 

Pecrot (BE)

 

Le rapport de l’expert judiciaire sur la catastrophe ferroviaire de Pécrot (Belgique), qui fit 8 morts le 27 mars 2001, retrace les faits.

 

A 8h42, la rame 709 quitte la gare de Wavre. Le conducteur a vu que l’accompagnatrice avait fermé les portes ; il n’a pas remarqué que le signal, invisible depuis sa cabine car il était situé en amont de quatre mètres, était au rouge. Huit minutes plus tard, la rame 709 percutera à hauteur de Pécrot un train parti de Louvain [Leuven].

 

A 8h44, le signaleur du Bloc 4 à Wavre, qui a vu le convoi brûler le feu rouge au départ, appelle Louvain pour empêcher le départ du convoi Louvain-Wavre. Les deux hommes, tous deux unilingues, NE se comprennent PAS (l’enregistrement intégral de leur conversation a été diffusé par la RTBF le lendemain au journal parlé de 7 heures).

 

Outre le positionnement défectueux du signal brûlé par le convoi tamponneur, le rapport de l’expert note, dans le chef de la SNCB, une carence de formation du personnel aux situations de crise. Il révèle aussi l’existence de problèmes linguistiques dans les zones attenant à la frontière linguistique...

 

11 septembre 2001

 

C'était le 10 septembre 2001. La NSA (National Security Agency, l'oeil de Moscou américain) intercepte deux messages apparemment suspects dans le labyrinthe des données compilées chaque jour par les agences de sécurité et de surveillance du pays (téléphone, fax, ordinateurs, GSM, courrier, petites annonces, chuchotements, pets dans le désert, etc.). Elle les intercepte le 10 septembre, mais les traduit le 11. Pas de bol. Les deux messages en question évoquaient très clairement les attentas de New-York qui, le lendemain justement, allaient ouvrir le siècle.

 

Deux avions détournés par des fanatiques, partisans supposés de Ben Laden, s’abattent successivement sur les tours jumelles du Manhatan Center de New-York, qui s’écroulent quelques minutes plus tard, en mondovision … !

 

Il est évident qu’il n’existe pas de mots assez durs pour qualifier cet horrible acte de barbarie, mais il faut que l’Amérique ait semé beaucoup d’incompréhension et de ressentiment pour subir un tel sort.

 

Cette arrogance, dont elle semble faire étalage de plus en plus, même vis-à-vis de l’Europe (sa vassale ?), semble assez bien exprimée par ces paroles de Margareth Thatcher, lors d’une conférence aux Etats-Unis, où elle s’en prenait violemment à ceux qui s’opposent à cette évidence(!): «Au XXIe. siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, la langue dominante est l’anglais, le modèle économique est le capitalisme anglo-saxon.» D'où l'apologie d'une puissance unique, d'une langue unique, d'un système unique!  No comment…

 

La Recherche de la langue parfaite

 

L’Europe médite de nouveau l’épisode biblique de la confusio linguarum et tente de guérir la blessure de la Tour de Babel en essayant de récupérer la Langue Adamique, ou de la reconstruire, «à la Recherche de la langue parfaite» (Umberto Eco).

 

Après des essais de langues complètement artificielles (Dalgarno, Letellier, Solresol,…), des hommes ont préféré simplifier des langues existantes ou mortes (latino sine flexione, basic,…). Tout en vain. Seules connurent un peu de succès les langues créées logiquement à partir de racines naturelles, comme le Volapük (aujourd’hui, pour ainsi dire, disparu) ou l’espéranto.

 

L’Espéranto est une langue internationale auxiliaire (L.I.A.), dont le nom signifie : « celui qui espère » (pseudonyme du Dr. Zamenhof, médecin et linguiste, qui  la proposa dès 1887, à Varsovie).

 

Conçu avec précision, l’Espéranto est facile à apprendre, même seul. Sa facilité résulte d’un grammaire régulière et d’un système de dérivation qui permet de créer naturellement les mots au moyen de racines internationales.

 

Umberto Eco ajoute que « Si la tendance à l’unification européenne va de pair avec la tendance à la multiplication des langues, l’unique solution possible réside dans l’adoption complète d’une langue européenne véhiculaire […]. Face au risque que dans une future union européenne puisse prévaloir la langue d’une seule nation, les Etats qui ont peu de possibilités d’imposer leur langue et qui craignent la suprématie de celle d’autrui (donc tous moins un) pourraient commencer à soutenir l’adoption d’une L.I.A. ».

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